Stéphane Michaud
Jens KIRSTEN & Christoph SCHMITZ-SCHOLEMANN éds, Der Weg entsteht im Gehen. Literarische Texte aus 100 Jahre Thüringen/ Le chemin se fait en marchant. Textes littéraires choisis dans les 100 ans d’existence de la Thuringe (Weimar, Weimarer Verlagsgesellschaft, 2020, 392 p., 18,50 €).
La Thuringe, région de taille moyenne et de création récente sur la carte de l’Allemagne d’aujourd’hui, fête ses cent ans d’existence. Son histoire singulière en fait un observatoire privilégié sur l’Allemagne et mérite l’attention qui lui est ici portée. La région a de lointaines origines dans la préhistoire et au début de notre ère, à l’époque des Celtes et des grandes invasions en particulier. Cependant elle disparaît pour de longs siècles comme entité politique, suite à la défaite militaire d’un royaume de Thuringe écrasé par les Francs en 531. L’État ou la région de Thuringe ne se constitue qu’en 1920, aux premières heures de la République de Weimar et dans le cadre de celle-ci, lorsque sept anciennes principautés du centre de l’Allemagne, dont la plus importante est celle de Saxe-Weimar, décident de leur fusion démocratique. À la différence de ses puissants voisins dont le noyau est ancien — la Bavière à laquelle elle touche au sud, la Hesse à l’Ouest, la Saxe de Dresde et Leipzig à l’Est, longtemps gouvernés par d’ambitieuses dynasties qui avaient pesé dans le jeu européen — la Thuringe se compose de petites entités dont certaines ont longtemps relevé d’une autre configuration. Erfurt par exemple, son actuelle capitale régionale, a été à la fin du xviie et au long du xviiie siècle la propriété des archevêques de Mayence, avant d’échoir à la Prusse en 1815. La ville ne relève de la Thuringe que depuis la réunification allemande de 1990, lorsque se reconstituent les Länder de l’Est.
L’apprentissage de la démocratie est une épreuve en Allemagne. Le régime de Weimar peine à asseoir son autorité. La gauche spartakiste, illustrée par les figures de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg, vise à installer un pouvoir révolutionnaire sur le modèle bolchevique, tandis que les conservateurs repoussent l’aventure de toute leur énergie. Entre les deux camps, les militaires nationalistes, humiliés par la défaite et la paix dont ils imputent la signature aux communistes et aux juifs, arbitrent plus d’une fois le conflit par les armes. La Thuringe se fond en 1933 dans le Reich nazi, qui réserve à Weimar une place symbolique et bâtit sur la colline qui domine la ville le camp de Buchenwald. Après la libération de la Thuringe par les Américains en 1945, et leur effacement au profit des Russes en application des accords de Yalta, le Land est à nouveau dissout comme toutes les autres entités territoriales allemandes à l’Est. Les anciennes structures sont maçonnées dans une République démocratique allemande sous la tutelle de Moscou. La réunification de l’Allemagne sous le chancelier Kohl n’apaise pas pour autant son histoire. Un séisme électoral en février 2020, dont l’épicentre était à Erfurt, est venu le rappeler : la désignation par le parlement nouvellement élu d’un ministre-président otage de l’extrême droite. L’AfD (Alternative für Deutschland), parti à fortes sympathies néo-nazies, était maître du jeu. Il avait fait voler en éclats le pacte auquel avait souscrit l’ensemble des forces démocratiques en Allemagne, qui interdisait toute collaboration avec un parti à relents fascistes. Bravant la chancelière Angela Merkel, plusieurs députés de son parti s’étaient associés au complot. Le ministre-président fantoche dut démissionner moins de 24h après son élection. La réélection de son prédécesseur, membre de la Gauche radicale (die Linke), que le complot parlementaire d’Erfurt avait empêchée, fut finalement acquise. Mais la crise, née d’une forte poussée de l’AfD et d’un écart économique persistant au sein de l’Allemagne entre l’Est et l’Ouest, n’était pas résolue pour autant.
Le parcours libre de toute idéologie que propose l’anthologie donne à lire la Thuringe dans sa multiplicité et sa marche heurtée vers la démocratie. Les deux architectes du livre — Jens Kirsten, de formation littéraire et natif de la région, et Christoph Schmitz-Scholemann, juriste né en Rhénanie qui réside à Weimar depuis sa nomination comme juge au Tribunal fédéral du Travail fédéral à Erfurt en 1991 — sont de fins connaisseurs du sujet, et l’ouvrage bénéficie de leur expérience de responsables du Conseil littéraire de Thuringe qui, parallèlement à la valorisation du patrimoine de la région, promeut une culture ouverte aux grandes voix contemporaines.
La littérature proprement dite a toute sa place à travers le récit des réceptions triomphales que Weimar réserve à Thomas Mann, le 1er août 1949 d’abord, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Goethe, puis en mai 1955, pour le 150e anniversaire la mort de Schiller. L’Allemagne communiste ne néglige aucun effort pour enrôler à son service le prix Nobel de 1929 et célèbre exilé qui n’a pas fléchi dans son opposition au nazisme. Les cérémonies grandioses sont vues sous la double perspective de l’intéressé et de ceux qui, pour avoir participé à leur mise en scène, en dévoilent après coup les artifices et les hypocrisies. La plus criante réside dans la publicité que la rda donne à l’hommage rendu par Th. Mann à Schiller, maître d’humanité et champion de la paix, au moment même où le régime travaille activement au réarmement militaire contre l’Occident. Mais la littérature n’a pas pour vocation de se fondre avec les fastes. Elle est plus fondamentalement dévoilement. Le romancier autrichien Josef Roth en donne l’exemple à travers un reportage sur Weimar en 1924. Celui-ci vire au cauchemar, lorsque poussant la porte de la salle de restaurant d’un grand hôtel de la ville, Roth y découvre une bruyante réunion d’officiers revanchards. Plus près de nous, les témoignages du poète Reiner Kunze, déchu de sa citoyenneté et contraint à l’exil pour avoir protesté contre l’invasion de la Tchécoslovaquie par les Russes en août 1968, et de Wolfgang Hilbig (prix Büchner 2002), dénoncent le système de surveillance sous lequel a vécu la rda.
La richesse du livre tient au nombre et à la variété des témoignages qu’il rassemble. Ceux-ci balaient large, sans exclusive ni de générations (toutes celles qui composent la période y sont représentées) ni d’appartenance stricte à la Thuringe, pourvu qu’ils éclairent un aspect de son fonctionnement. Empruntés, le cas échéant, à des articles de presse ou à une correspondance administrative avec l’autorité de tutelle, ils font entendre sans filtre la voix des acteurs directs, tant du côté du pouvoir, dont ils dévoilent la violence aveugle, que du côté des victimes. Le commandant de la garnison SS Totenkopf (« tête de mort ») au camp de Buchenwald, demande à Himmler en 1937 qu’un nouveau nom soit donné au camp. Administrateur zélé, il est soucieux de favoriser la carrière des gardiens qu’il a sous ses ordres et voudrait éviter que la mémoire de Goethe ne soit associée à un lieu de détention. Du côté des civils, l’écrivaine et historienne de la littérature Ricarda Huch rapporte en mère de famille l’angoisse des nuits de bombardement à Iéna, en mars 1945. Un ancien interné politique de Buchenwald décrit, sous le voile du roman en 2012, la vie du « petit camp ». Le nom anodin couvre un régime concentrationnaire à ce point dégradant que les survivants n’auront même plus la force de manifester aucune joie de leur libération. Paul-Josef Raue, directeur de 1990 à sa mort en 2008 de l’un des grands quotidiens du land, le Thüringer Allgemeine, décrit en journaliste la menace permanente de mort qui pesait au temps de la rda tout au long de la frontière interallemande, depuis la pointe sud de la Thuringe jusqu’à Lübeck et à la Baltique : cette bande de territoire a été le tombeau de plus d’un fugitif, voire de simples promeneurs égarés, tant les Schupos avaient la gâchette facile. Dans un registre moins extrême, la correspondance échangée fin 1971 entre un poète qui n’est plus débutant et le responsable de la censure pour l’arrondissement d’Erfurt est éloquente : publier de son propre chef de la poésie, déclare avec un bel aplomb le fonctionnaire du parti, est strictement interdit. L’administration serait-elle devenue plus transparente depuis la réunification ? Enke Engelmann rapporte l’extinction inavouée et honteuse à laquelle la municipalité d’Erfurt condamne un faubourg déshérité de la ville, laissant l’âge emporter ses derniers habitants.
L’un des poumons de l’Allemagne, avec ses terres agricoles, ses reliefs et ses forêts dont la beauté est menacée par la prééminence donnée à l’économie, la Thuringe a ses richesses écologiques et paysagistes. Elle nourrit l’œuvre de poètes comme Wulf Kirsten, Jan Röhnert et Hanns Cibulka (1920–2004). Ce dernier, fixé à Gotha, élève une exigence forte lorsque, s’adressant en 1992 à une académie des forces armées fédérales, il déclare qu’il n’y a pas de démocratie sans appel à la créativité et à la responsabilité.
La sentence extraite des Champs de Castille (1912) du poète espagnol Antonio Machado inscrite dans le titre de cette anthologie se propose comme un discret guide de lecture. La distance que crée la citation venue d’un autre monde linguistique, la référence implicite à la génération dite de 98 en Espagne, elle aussi marquée par une crise identitaire lorsque la nation perd ses dernières colonies, avivent le regard. Lucide sur les égarements qui traversent la période, l’anthologie fait toute sa place au mouvement et à la vie.
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Übersetzung von Christoph Schmitz-Scholemann
Jens Kirsten und Christoph Schmitz-Scholemann (Herausgeber): »Der Weg entsteht im Gehen. Literarische Texte aus 100 Jahren Thüringen«. Rezension in der 1923 gegründeten französischen Literaturzeitschrift »Europe«.
Thüringen, ein eher kleines Land, dessen Gründung und Erscheinen auf der Landkarte Deutschlands noch gar nicht so lange her ist, feiert seinen 100. Geburtstag. Seine einzigartige Geschichte macht es zu einem privilegierten Aussichtsturm auf Deutschland und verdient die Aufmerksamkeit, die ihm hier zuteil werden soll. Das Land hat eine lange Vorgeschichte. Sie reicht von den prähistorischen Zeiten bis zum Beginn unserer Geschichtsschreibung, zur Epoche der Kelten und der großen Völkerwanderungen. Trotzdem verschwand das Land für viele Jahrhunderte als eigenständige politische Einheit, nachdem das damalige Königreich Thüringen von den Franken im Jahre 531 militärisch geschlagen worden war. Der Staat bzw. das »Land« Thüringen gründet sich erst wieder im Jahre 1920, in den ersten Stunden der Weimarer Republik und als Teil dieser Republik, als sich sieben der in der Mitte Deutschlands gelegenen damaligen Fürstentümer – das wichtigste darunter das Herzogtum Sachsen-Weimar – zu einem demokratischen Gemeinwesen zusammenschließen. Im unterschied zu den mächtigen Nachbarn, die schon seit langem als einheitliche Staaten existierten – Bayern, das im Süden an Thüringen grenzt, Hessen im Westen, Sachsen mit Dresden und Leipzig im Osten wurden jahrhundertelang von ehrgeizigen Dynastien regiert, die auch im europäischen Machtspiel Gewicht hatten – setzte sich Thüringen traditionell aus kleinen und kleinsten staatlichen Gebilden zusammen, von denen einige gar nicht zu den eigentlich thüringischen Fürstentümern gehörten: Erfurt zum Beispiel, die heutige Landeshauptstadt, war vom Ende des 17. und während des gesamten 18. Jahrhunderts unter der Herrschaft des Erzbischofs von Mainz und war ab 1815 eine preußische Enklave im Herzen der thüringer Landschaft. Erst seit der deutschen Wiedervereinigung im Jahre 1990, als sich die ostdeutschen Länder als Teile der föderal organisierten Bundesrepublik Deutschland neu gründeten, gehört Erfurt nun auch politisch zum Land Thüringen.
Die Einübung demokratischer Praxis ist in Deutschland eine dauernde Herausforderung. Die Weimarer Republik hatte es schwer ihre demokratische Autorität durchzusetzen. Die spartakistische Linke, vertreten durch Karl Liebknecht und Rosa Luxemburg, wollte eine revolutionäre Macht nach dem bolschewistischen Modell etablieren, während die Konservativen alle Kraft daran setzten, deren Vorankommen zu bekämpfen. Zwischen diesen beiden Kontrahenten stand das nationalistische Militär. Gedemütigt durch die Niederlage im Ersten Weltkrieg und den Frieden, der nach ihrer Auffassung die Handschrift der Kommunisten und der Juden trug, versuchte es mehrfach den Konflikt mit Waffen zu beenden. 1933 ging das Land Thüringen als Gebietskörperschaft im zentralistischen Nazireich auf, das allerdings Weimar, bis dahin Hauptstadt Thüringens, als gewissermaßen symbolischen Ort betrachtete und auf dem Berg über der Stadt das Konzentrationslager Buchenwald errichtete. Nach der Befreiung Thüringens durch die Amerikaner im Jahr 1945 und der Zuteilung des Landes (im Zuge der Verträge von Jalta) an die Russen, wurde es erneut aufgelöst, wie alle anderen Länder Ostdeutschlands. Die alten Strukturen wurden eingemauert in einer deutschen demokratischen Republik unter der Vormundschaft Moskaus. Die Wiedervereinigung Deutschlands unter dem Kanzler Kohl konnte die Geschichte des Landes nicht dauerhaft beruhigen. Das zeigte sich im Februar 2020, als ein politisches Erdbeben, hervorgerufen durch eine Landtagswahl in Thüringen, Erfurt zum Hot-Spot der deutschen Politik machte: Der Thüringer Landtag wählte einen von der extremen Rechten ferngesteuerten Ministerpräsidenten aus der liberalen FDP. Die AfD (Alternative für Deutschland), eine Partei mit starken Anteilen von Neonazis, beherrschte das Spiel. Sie zerfetzte den bis dahin von allen demokratischen Kräften in Deutschland gestützten Pakt, der jegliche Zusammenarbeit mit faschistischen Parteien verbot. Eine Reihe von Abgeordneten der Christdemokraten forderte die – ebenfalls christdemokratische – Kanzlerin Angela Merkel heraus, indem sie sich an dem Komplott beteiligten. Der Marionetten-Ministerpräsident musste schon 24 Stunden nach seiner Wahl zurücktreten. Letztlich kam es zur Wiederwahl seines Vorgängers, einem Mitglied der radikalen Linken. Damit war der parlamentarische Komplott von Erfurt rückgängig gemacht. Aber die Krise, eine Folge des massiven Drucks der AfD und des immer noch fortbestehenden ökonomischen Ungleichgewicht zwischen dem Osten und dem Westen, ist nach wie vor ungelöst.
Der absolut ideologiefreie Rundgang, zu dem die Anthologie einlädt, lässt uns Thüringen lesend erschließen: In seiner Vielfalt und seinem immer wieder von Hindernissen erschwerten Weg zur Demokratie. Die beiden Architekten des Buchs – Jens Kirsten, Literaturwissenschaftler und aus Thüringen stammend, und Christoph Schmitz Scholemann, im Rheinland geborener Jurist, der seit seiner Ernennung zum Richter am Erfurter Bundesarbeitsgericht in Weimar lebt – sind gute Kenner des Themas. Außerdem profitiert das Werk auch von ihrer Erfahrung. Sie sind Verantwortliche des Thüringer Literaturrats, der das literarische Erbe der Region pflegt und sich zugleich einer Kultur verpflichtet weiß, die offen ist für die Stimmen der Gegenwart.
Aber auch die große Literatur hat ihren angemessenen Platz in den Berichten über die triumphalen Empfänge, die Weimar Thomas Mann bereitete, zunächst am 1. August 1949, bei der Feier des 200. Geburtstags von Goethe, und dann im Mai 1955, zum 150. Todestag Schillers. Das kommunistische Deutschland scheute damals weder Kosten noch Mühen bei dem Versuch, Thomas Mann, den Nobelpreisträger von 1929 und berühmten Exilanten, der in seiner Gegnerschaft zum Naziregime unerschütterlich war, für seine Zwecke einzuspannen. Wir sehen seine theatralisch in Szene gesetzten Auftritte in doppelter Perspektive, wir sehen den Dichter selbst, aber auch diejenigen, die für die Inszenierung des Spektakels verantwortlich waren und sich im Nachhinein in all ihrer verlogenen Bombastik selbst entblößen. Die schreiendste Heuchelei finden wir in den staatsoffiziellen Lobpreisungen, die von der DDR der Rede Thomas Manns auf Fredrich Schiller zuteil wurde, den Meister der Humanität und Champion des Friedens – und zwar genau in dem Augenblick, in dem das kommunistische Regime an der Wiederbewaffnung der DDR gegen den Westen arbeitete. Aber es ist nicht die Aufgabe der Literatur sich mit Pomp und Prunk gemein zu machen. Sie ist – ganz nprinzipiell und wesenhaft – Enthüllung. Dafür gibt der österreichische Romancier Joseph Roth ein schönes Beispiel in seiner Weimar-Reportage von 1924. Sein Aufenthalt in der Klassikerstadt wird zum Albtraum, als Roth die Tür zum Restaurant eine Grand-Hotels der Stadt öffnet und auf eine lärmende Versammlung revanchistischer Offiziere stößt. Näher an unserer Zeit sind die Zeugnisse von Reiner Kunze, den die DDR ausbürgerte und zum Exil verdammte, weil er gegen die Invasion der Warschauer-Pakt Staaten in die damalige Tschechoslowakei protesterierte, und von Wolfgang Hilbig (Büchner Preis 2002), der das Bespitzelungs- und Denunziationssystem anklagte, unter dem die DDR lebte.
Der Reichtum der Anthologie liegt sowohl in der Anzahl als auch in der Vielfalt der Zeugnisse, die sie versammelt. Sie sind weitgespannt, sie lassen keine Generation aus ( alle, die wichtig für ihre Zeit waren, sind enthalten), sie beziehen auch Nichthtüringer ein, vorausgesetzt nur, dass sie etwas zum Thema beitragen. Auch Presseartikel gibt es zu lesen oder einen Verwaltungsschriftwechsel mit verantwortlichen Regierungsstellen. Sie alle lassen die Stimmen der Akteure ungefiltert zur Geltung kommen, sowohl von der Seite der Machthaber, deren blinde Gewalt sie offenbaren, als auch von Seiten der Opfer. Der Kommandant der SS-Garnison Totenkopf im KZ Buchenwald, verlangt von Himmler 1937, den Namen des Lagers zu ändern. Als diensteifriger Beamter möchte er die Karrieren der ihm unterstellten Wächter fördern und verhindern, dass das Andenken Goethes mit einem Konzentrationslager befleckt würde. Von seiten der Zivilbevölkerung ist die Sachriftstellerin und Historikerin Ricarda Huch zu nennen, . Sie berichtet in ihrer Eigenschaft als Mutter von der Angst der Jenaer Bombennächte im März 1945. Ein ehemaliger politischer Gefangener aus Buchenwald beschreibt in einem Roman aus dem Jahre 2012 das Leben im »Kleinen Lager«. Unter dieser harmlosen vernorgt sich ein derart erniedrigendes Lagerregime, dass die Überlebenden am Ende nicht einmal die Kraft haben, sich über ihre Befreiung zu freuen. Paul Josef Raue, einige Jahre Chefredaktewur einer der großen Tageszeitungen Thüringens, der Thüringer Allgemeinen, beschreibt als Journalist die ständige Todesdrohung, die in DDR-Zeiten auf der innerdeutschen Grenze lastete, vom Süden an den Westgrenzen Thüringens entlang bis nach Lübeck an die Ostsee. Diese Staatsgrenze wurde für mehr als einen Flüchtling zum Grab, auch für einfache Wanderer, so schießwütig waren die Grenzer. Es gibt auch Beispiele von Unterdrückung in weniger extremer Form: Die Korrespondenz vom Jahresende 1971 zwischen einem angesehenen Dichter und dem Zensurbeamten des Bezirks Erfurt spricht Bände: Selbstgemachte Gedichte zu schreiben und zu veröffentlichen, erklärt der selbstgewisse Funktionär, ist strengstens untersagt. Ob die Verwaltung nach der Vereinigung etwas transparenter agiert? Anke Engelmann erzählt die Geschichte der schändlichen Ausrottung, zu der die Verwaltung der Stadt Erfurt einen Vorort verurteilt, indem sie das Alter seine zerstörerische Arbeit an den letzten Bewohner tun lässt.
Als eine der Lungen Deutschlands, mit seinen vielen landwirtschaftlichen Gebieten, seinen Hügeln und Wäldern, deren Schönheit durch den Vorrang bedroht ist, den man der Ökonomie einräumt, hat Thüringen nicht nur seine ökologischen Reichtümer, sondern auch seine Landschaftsdichter. Das Land hat Nahrung genug für die Werke von Wulf Kirsten, Jan Röhnert und Hans Cibulka (1920–2004). Letzterer, wohnhaft in Gotha, erhob eine mutige Forderung, als er sich 1992 an eine Akademie der Bundeswehr wandte mit der Erklärung, dass es keine Demokratie geben könne ohne Kreativität und Verantwortung.
Der Titel des Werks ist dem Gedichtband »Kastilische Felder« des spanischen Dichters Antonio Machado entnommen. Er erweist sich als eine diskrete Anleitung für die Lektüre. Die Distanz, die das aus einer ganz anderen Sprachwelt stammende Zitat schafft, die implizite Bezugnahme auf die spanische Dichtergeneration der sogenannten »98er« – auch sie getroffen von einer Identitätskrise, nachdem Spanien mit Kuba seine letzten Kolonien verloren hatte – beides schärft den Blick. Die Irritationen und Irrtümer klar aufzeigend, die das Jahrhundert durchzogen, gibt die Anthologie dem Leben und der Bewegung den ihnen zukommenden Raum.
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