»Le chemin se fait en marchant« – »Der Weg entsteht im Gehen«

Sté­phane Michaud

Jens KIRSTEN & Chris­toph SCHMITZ-SCHOLEMANN éds, Der Weg ent­steht im Gehen. Lite­ra­ri­sche Texte aus 100 Jahre Thüringen/ Le che­min se fait en mar­chant. Tex­tes lit­tér­ai­res choi­sis dans les 100 ans d’existence de la Thu­ringe (Wei­mar, Wei­ma­rer Ver­lags­ge­sell­schaft, 2020, 392 p., 18,50 €).

 

La Thu­ringe, région de taille moy­enne et de créa­tion récente sur la carte de l’Allemagne d’aujourd’hui, fête ses cent ans d’existence. Son his­toire sin­gu­lière en fait un obser­va­toire pri­vi­lé­gié sur l’Allemagne et mérite l’attention qui lui est ici por­tée. La région a de loin­tai­nes ori­gi­nes dans la pré­his­toire et au début de notre ère, à l’époque des Cel­tes et des gran­des inva­si­ons en par­ti­cu­lier. Cepen­dant elle dis­pa­raît pour de longs siè­cles comme entité poli­tique, suite à la défaite mili­taire d’un royaume de Thu­ringe écrasé par les Francs en 531. L’État ou la région de Thu­ringe ne se con­sti­tue qu’en 1920, aux pre­miè­res heu­res de la Répu­bli­que de Wei­mar et dans le cadre de celle-ci, lors­que sept anci­en­nes princi­pau­tés du centre de l’Allemagne, dont la plus importante est celle de Saxe-Wei­mar, déci­dent de leur fusion démo­cra­tique. À la dif­fé­rence de ses puis­sants voisins dont le noyau est ancien — la Bavière à laquelle elle tou­che au sud, la Hesse à l’Ouest, la Saxe de Dresde et Leip­zig à l’Est, long­temps gou­ver­nés par d’ambitieuses dynas­ties qui avai­ent pesé dans le jeu euro­péen — la Thu­ringe se com­pose de peti­tes enti­tés dont cer­tai­nes ont long­temps relevé d’une autre con­fi­gu­ra­tion. Erfurt par exemple, son actu­elle capi­tale régio­nale, a été à la fin du xviie et au long du xviiie siè­cle la pro­priété des arche­vê­ques de May­ence, avant d’échoir à la Prusse en 1815. La ville ne relève de la Thu­ringe que depuis la réuni­fi­ca­tion alle­mande de 1990, lors­que se recon­sti­tu­ent les Län­der de l’Est.

L’apprentissage de la démo­cra­tie est une épreuve en Allema­gne. Le régime de Wei­mar peine à asseoir son auto­rité. La gau­che spar­ta­kiste, illus­trée par les figu­res de Karl Lieb­knecht et de Rosa Luxem­burg, vise à instal­ler un pou­voir révo­lu­ti­onn­aire sur le modèle bol­che­vi­que, tan­dis que les con­ser­va­teurs repous­sent l’aventure de toute leur éner­gie. Entre les deux camps, les mili­taires natio­na­lis­tes, humi­liés par la défaite et la paix dont ils impu­tent la signa­ture aux com­mu­nis­tes et aux juifs, arbitrent plus d’une fois le con­flit par les armes. La Thu­ringe se fond en 1933 dans le Reich nazi, qui réserve à Wei­mar une place sym­bo­li­que et bâtit sur la col­line qui domine la ville le camp de Buchen­wald. Après la libé­ra­tion de la Thu­ringe par les Amé­ri­cains en 1945, et leur effa­ce­ment au pro­fit des Rus­ses en app­li­ca­tion des accords de Yalta, le Land est à nou­veau diss­out comme tou­tes les autres enti­tés ter­ri­to­ria­les alle­man­des à l’Est. Les anci­en­nes struc­tures sont maçon­nées dans une Répu­bli­que démo­cra­tique alle­mande sous la tutelle de Moscou. La réuni­fi­ca­tion de l’Allemagne sous le chan­ce­lier Kohl n’apaise pas pour autant son his­toire. Un séisme élec­to­ral en février 2020, dont l’épicentre était à Erfurt, est venu le rap­pe­ler : la dési­gna­tion par le par­le­ment nou­vel­lement élu d’un ministre-pré­si­dent otage de l’extrême droite. L’AfD (Alter­na­tive für Deutsch­land), parti à for­tes sym­pa­thies néo-nazies, était maître du jeu. Il avait fait voler en éclats le pacte auquel avait sou­scrit l’ensemble des for­ces démo­cra­ti­ques en Allema­gne, qui inter­di­sait toute col­la­bo­ra­tion avec un parti à relents fascis­tes. Bra­vant la chan­ce­lière Angela Mer­kel, plu­sieurs dépu­tés de son parti s’étaient asso­ciés au com­plot. Le ministre-pré­si­dent fan­to­che dut démis­si­onner moins de 24h après son élec­tion. La réélec­tion de son pré­dé­ces­seur, membre de la Gau­che radi­cale (die Linke), que le com­plot par­le­men­taire d’Erfurt avait empê­chée, fut fina­le­ment acquise. Mais la crise, née d’une forte pous­sée de l’AfD et d’un écart éco­no­mi­que per­si­stant au sein de l’Allemagne entre l’Est et l’Ouest, n’était pas réso­lue pour autant.

Le par­cours libre de toute idéo­lo­gie que pro­pose l’anthologie donne à lire la Thu­ringe dans sa mul­ti­pli­cité et sa mar­che heur­tée vers la démo­cra­tie. Les deux archi­tec­tes du livre — Jens Kirs­ten, de for­ma­tion lit­tér­aire et natif de la région, et Chris­toph Schmitz-Schole­mann, juriste né en Rhéna­nie qui réside à Wei­mar depuis sa nomi­na­tion comme juge au Tri­bu­nal fédé­ral du Tra­vail fédé­ral à Erfurt en 1991 — sont de fins con­nais­seurs du sujet, et l’ouvrage béné­fi­cie de leur expé­ri­ence de respons­ables du Con­seil lit­tér­aire de Thu­ringe qui, par­al­lè­le­ment à la valo­ri­sa­tion du patri­moine de la région, pro­meut une cul­ture ouverte aux gran­des voix contemporaines.

La lit­té­ra­ture pro­pre­ment dite a toute sa place à tra­vers le récit des récep­ti­ons triom­pha­les que Wei­mar réserve à Tho­mas Mann, le 1er août 1949 d’abord, à l’occasion du bicen­ten­aire de la nais­sance de Goe­the, puis en mai 1955, pour le 150e anni­ver­saire la mort de Schil­ler. L’Allemagne com­mu­niste ne nég­lige aucun effort pour enrô­ler à son ser­vice le prix Nobel de 1929 et célèbre exilé qui n’a pas flé­chi dans son oppo­si­tion au nazisme. Les céré­mo­nies gran­dio­ses sont vues sous la dou­ble per­spec­tive de l’intéressé et de ceux qui, pour avoir par­ti­cipé à leur mise en scène, en dévoi­l­ent après coup les arti­fices et les hypo­cri­sies. La plus cri­ante réside dans la publi­cité que la rda donne à l’hommage rendu par Th. Mann à Schil­ler, maître d’humanité et cham­pion de la paix, au moment même où le régime tra­vaille acti­ve­ment au réar­me­ment mili­taire contre l’Occident. Mais la lit­té­ra­ture n’a pas pour voca­tion de se fondre avec les fas­tes. Elle est plus fon­da­men­ta­le­ment dévoi­le­ment. Le roman­cier autri­chien Josef Roth en donne l’exemple à tra­vers un repor­tage sur Wei­mar en 1924. Celui-ci vire au cau­che­mar, lors­que pous­sant la porte de la salle de restau­rant d’un grand hôtel de la ville, Roth y décou­vre une bru­yante réunion d’officiers revan­chards. Plus près de nous, les témoi­gna­ges du poète Rei­ner Kunze, déchu de sa citoy­enneté et con­traint à l’exil pour avoir pro­testé contre l’invasion de la Tché­coslo­va­quie par les Rus­ses en août 1968, et de Wolf­gang Hil­big (prix Büch­ner 2002), dénon­cent le sys­tème de sur­veil­lance sous lequel a vécu la rda.

La rich­esse du livre tient au nombre et à la variété des témoi­gna­ges qu’il ras­sem­ble. Ceux-ci balai­ent large, sans exclu­sive ni de géné­ra­ti­ons (tou­tes cel­les qui com­po­sent la péri­ode y sont repré­sen­tées) ni d’appartenance stricte à la Thu­ringe, pourvu qu’ils éclai­rent un aspect de son fonc­tion­ne­ment. Empr­un­tés, le cas échéant, à des arti­cles de presse ou à une cor­re­spondance admi­nis­tra­tive avec l’autorité de tutelle, ils font entendre sans filtre la voix des acteurs directs, tant du côté du pou­voir, dont ils dévoi­l­ent la vio­lence aveugle, que du côté des vic­ti­mes. Le com­man­dant de la gar­ni­son SS Toten­kopf (« tête de mort ») au camp de Buchen­wald, demande à Himm­ler en 1937 qu’un nou­veau nom soit donné au camp. Admi­nis­tra­teur zélé, il est sou­cieux de favo­ri­ser la car­ri­ère des gar­di­ens qu’il a sous ses ord­res et vou­d­rait évi­ter que la mémoire de Goe­the ne soit asso­ciée à un lieu de déten­tion. Du côté des civils, l’écrivaine et his­to­ri­enne de la lit­té­ra­ture Ricarda Huch rap­porte en mère de famille l’angoisse des nuits de bom­bar­de­ment à Iéna, en mars 1945. Un ancien interné poli­tique de Buchen­wald décrit, sous le voile du roman en 2012, la vie du « petit camp ». Le nom ano­din cou­vre un régime con­cen­tra­ti­onn­aire à ce point dégradant que les sur­vi­vants n’auront même plus la force de mani­fes­ter aucune joie de leur libé­ra­tion. Paul-Josef Raue, direc­teur de 1990 à sa mort en 2008 de l’un des grands quo­ti­di­ens du land, le Thü­rin­ger All­ge­meine, décrit en jour­na­liste la menace per­ma­nente de mort qui pesait au temps de la rda tout au long de la fron­tière inter­al­le­mande, depuis la pointe sud de la Thu­ringe jusqu’à Lübeck et à la Bal­tique : cette bande de ter­ri­toire a été le tom­beau de plus d’un fugi­tif, voire de simp­les pro­me­n­eurs éga­rés, tant les Schu­pos avai­ent la gâchette facile. Dans un registre moins extrême, la cor­re­spondance éch­an­gée fin 1971 entre un poète qui n’est plus débu­tant et le respons­able de la cen­sure pour l’arrondissement d’Erfurt est élo­quente : publier de son propre chef de la poé­sie, déclare avec un bel aplomb le fonc­tionn­aire du parti, est stric­te­ment inter­dit. L’administration serait-elle deve­nue plus trans­pa­rente depuis la réuni­fi­ca­tion ? Enke Engel­mann rap­porte l’extinction ina­vouée et hon­teuse à laquelle la muni­ci­pa­lité d’Erfurt con­damne un fau­bourg dés­hé­rité de la ville, lais­sant l’âge emporter ses der­niers habitants.

L’un des pou­mons de l’Allemagne, avec ses ter­res agri­co­les, ses reli­efs et ses forêts dont la beauté est menacée par la pré­é­mi­nence don­née à l’économie, la Thu­ringe a ses rich­es­ses éco­lo­gi­ques et paysa­gis­tes. Elle nour­rit l’œuvre de poè­tes comme Wulf Kirs­ten, Jan Röh­nert et Hanns Cibulka (1920–2004). Ce der­nier, fixé à Gotha, élève une exi­gence forte lors­que, s’adressant en 1992 à une aca­dé­mie des for­ces armées fédé­ra­les, il déclare qu’il n’y a pas de démo­cra­tie sans appel à la créa­ti­vité et à la responsabilité.

La sen­tence extraite des Champs de Cas­tille (1912) du poète espa­gnol Anto­nio Mach­ado inscrite dans le titre de cette antho­lo­gie se pro­pose comme un dis­cret guide de lec­ture. La distance que crée la cita­tion venue d’un autre monde lin­gu­is­tique, la réfé­rence impli­cite à la géné­ra­tion dite de 98 en Espa­gne, elle aussi mar­quée par une crise iden­ti­taire lors­que la nation perd ses der­niè­res colo­nies, avivent le regard. Lucide sur les éga­re­ments qui tra­ver­sent la péri­ode, l’anthologie fait toute sa place au mou­ve­ment et à la vie.

 

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Über­set­zung von Chris­toph Schmitz-Scholemann

Jens Kirs­ten und Chris­toph Schmitz-Schole­mann (Her­aus­ge­ber): »Der Weg ent­steht im Gehen. Lite­ra­ri­sche Texte aus 100 Jah­ren Thü­rin­gen«. Rezen­sion in der 1923 gegrün­de­ten fran­zö­si­schen Lite­ra­tur­zeit­schrift »Europe«.

 

Thü­rin­gen, ein eher klei­nes Land, des­sen Grün­dung und Erschei­nen auf der Land­karte Deutsch­lands noch gar nicht so lange her ist, fei­ert sei­nen 100. Geburts­tag. Seine ein­zig­ar­tige Geschichte macht es zu einem pri­vi­le­gier­ten Aus­sichts­turm auf Deutsch­land und ver­dient die Auf­merk­sam­keit, die ihm hier zuteil wer­den soll. Das Land hat eine lange Vor­ge­schichte. Sie reicht von den prä­his­to­ri­schen Zei­ten bis zum Beginn unse­rer Geschichts­schrei­bung,  zur Epo­che der Kel­ten und der gro­ßen Völ­ker­wan­de­run­gen. Trotz­dem ver­schwand das Land für viele Jahr­hun­derte als eigen­stän­dige poli­ti­sche Ein­heit, nach­dem das dama­lige König­reich Thü­rin­gen von den Fran­ken im Jahre 531 mili­tä­risch geschla­gen wor­den war. Der Staat bzw. das »Land« Thü­rin­gen grün­det sich erst wie­der im Jahre 1920, in den ers­ten Stun­den der Wei­ma­rer Repu­blik und als Teil die­ser Repu­blik, als sich sie­ben der in der Mitte Deutsch­lands gele­ge­nen dama­li­gen Fürs­ten­tü­mer – das wich­tigste dar­un­ter das Her­zog­tum Sach­sen-Wei­mar – zu einem demo­kra­ti­schen Gemein­we­sen zusam­men­schlie­ßen. Im unter­schied zu den mäch­ti­gen Nach­barn, die schon seit lan­gem als ein­heit­li­che Staa­ten exis­tier­ten – Bay­ern, das im Süden an Thü­rin­gen grenzt, Hes­sen im Wes­ten, Sach­sen mit Dres­den und Leip­zig im Osten wur­den jahr­hun­der­te­lang  von ehr­gei­zi­gen Dynas­tien regiert, die auch im euro­päi­schen Macht­spiel Gewicht hat­ten – setzte sich Thü­rin­gen tra­di­tio­nell aus klei­nen und kleins­ten staat­li­chen Gebil­den zusam­men, von denen einige gar nicht zu den eigent­lich thü­rin­gi­schen Fürs­ten­tü­mern gehör­ten: Erfurt zum Bei­spiel, die heu­tige Lan­des­haupt­stadt, war vom Ende des 17. und wäh­rend des gesam­ten 18. Jahr­hun­derts unter der Herr­schaft des Erz­bi­schofs von Mainz und war ab 1815 eine preu­ßi­sche Enklave im Her­zen der thü­rin­ger Land­schaft. Erst seit der deut­schen Wie­der­ver­ei­ni­gung im Jahre 1990, als sich die ost­deut­schen Län­der als Teile der  föde­ral orga­ni­sier­ten Bun­des­re­pu­blik Deutsch­land neu grün­de­ten,  gehört Erfurt nun auch poli­tisch zum Land Thüringen.

Die Ein­übung demo­kra­ti­scher Pra­xis ist in Deutsch­land eine dau­ernde Her­aus­for­de­rung. Die Wei­ma­rer Repu­blik hatte es schwer ihre demo­kra­ti­sche Auto­ri­tät durch­zu­set­zen. Die spar­ta­kis­ti­sche Linke, ver­tre­ten durch Karl Lieb­knecht und Rosa Luxem­burg, wollte eine revo­lu­tio­näre Macht nach dem bol­sche­wis­ti­schen Modell eta­blie­ren, wäh­rend die Kon­ser­va­ti­ven alle Kraft daran setz­ten, deren Vor­an­kom­men zu bekämp­fen. Zwi­schen die­sen bei­den Kon­tra­hen­ten stand das natio­na­lis­ti­sche Mili­tär. Gede­mü­tigt durch die Nie­der­lage im Ers­ten Welt­krieg und den Frie­den, der nach ihrer Auf­fas­sung die Hand­schrift der Kom­mu­nis­ten und der Juden trug, ver­suchte es mehr­fach den Kon­flikt mit Waf­fen zu been­den. 1933 ging das Land Thü­rin­gen als  Gebiets­kör­per­schaft im zen­tra­lis­ti­schen Nazi­reich auf, das aller­dings Wei­mar, bis dahin Haupt­stadt Thü­rin­gens, als gewis­ser­ma­ßen sym­bo­li­schen Ort betrach­tete und auf dem Berg über der Stadt das Kon­zen­tra­ti­ons­la­ger Buchen­wald errich­tete. Nach der Befrei­ung Thü­rin­gens durch die Ame­ri­ka­ner im Jahr 1945 und der Zutei­lung des Lan­des (im Zuge der Ver­träge von Jalta) an die Rus­sen, wurde es erneut auf­ge­löst, wie alle ande­ren Län­der Ost­deutsch­lands. Die alten Struk­tu­ren wur­den ein­ge­mau­ert in einer deut­schen demo­kra­ti­schen Repu­blik unter der Vor­mund­schaft Mos­kaus. Die Wie­der­ver­ei­ni­gung Deutsch­lands unter dem Kanz­ler Kohl konnte die Geschichte des Lan­des nicht dau­er­haft beru­hi­gen. Das zeigte sich im Februar 2020, als ein poli­ti­sches Erd­be­ben, her­vor­ge­ru­fen durch eine Land­tags­wahl in Thü­rin­gen,  Erfurt zum Hot-Spot der deut­schen Poli­tik machte: Der Thü­rin­ger Land­tag wählte einen von der extre­men Rech­ten fern­ge­steu­er­ten Minis­ter­prä­si­den­ten aus der libe­ra­len FDP. Die AfD (Alter­na­tive für Deutsch­land), eine Par­tei mit star­ken Antei­len von Neo­na­zis, beherrschte das Spiel. Sie zer­fetzte den bis dahin von allen demo­kra­ti­schen Kräf­ten in Deutsch­land  gestütz­ten Pakt, der jeg­li­che Zusam­men­ar­beit mit faschis­ti­schen Par­teien ver­bot. Eine Reihe von Abge­ord­ne­ten der Christ­de­mo­kra­ten for­derte die – eben­falls christ­de­mo­kra­ti­sche – Kanz­le­rin Angela Mer­kel her­aus, indem sie sich an dem Kom­plott betei­lig­ten. Der Mario­net­ten-Minis­ter­prä­si­dent musste schon 24 Stun­den nach sei­ner Wahl zurück­tre­ten. Letzt­lich kam es zur Wie­der­wahl sei­nes Vor­gän­gers, einem Mit­glied der radi­ka­len Lin­ken. Damit war der par­la­men­ta­ri­sche Kom­plott von Erfurt rück­gän­gig gemacht.  Aber die Krise, eine Folge des mas­si­ven Drucks der AfD und des immer noch fort­be­stehen­den öko­no­mi­schen Ungleich­ge­wicht zwi­schen dem Osten und dem Wes­ten, ist nach wie vor ungelöst.

 

Der abso­lut ideo­lo­gie­freie Rund­gang, zu dem die Antho­lo­gie ein­lädt, lässt uns Thü­rin­gen lesend erschlie­ßen: In sei­ner Viel­falt und sei­nem immer wie­der von Hin­der­nis­sen erschwer­ten Weg zur Demo­kra­tie. Die bei­den Archi­tek­ten des Buchs – Jens Kirs­ten, Lite­ra­tur­wis­sen­schaft­ler und aus Thü­rin­gen stam­mend, und Chris­toph Schmitz Schole­mann,  im Rhein­land gebo­re­ner Jurist, der seit sei­ner Ernen­nung zum Rich­ter am Erfur­ter Bun­des­ar­beits­ge­richt in Wei­mar lebt – sind gute Ken­ner des The­mas. Außer­dem pro­fi­tiert das Werk auch von ihrer Erfah­rung. Sie sind Ver­ant­wort­li­che des Thü­rin­ger Lite­ra­tur­rats, der das lite­ra­ri­sche Erbe der Region pflegt und sich zugleich einer Kul­tur ver­pflich­tet weiß, die offen ist für die Stim­men der Gegenwart.

Aber auch die große Lite­ra­tur hat ihren ange­mes­se­nen Platz in den Berich­ten über die tri­um­pha­len Emp­fänge, die Wei­mar Tho­mas Mann berei­tete,  zunächst am 1. August 1949, bei der Feier des 200. Geburts­tags von Goe­the, und dann im Mai 1955, zum 150. Todes­tag Schil­lers. Das kom­mu­nis­ti­sche Deutsch­land scheute damals weder Kos­ten noch Mühen bei dem Ver­such,  Tho­mas Mann, den Nobel­preis­trä­ger von 1929 und berühm­ten Exi­lan­ten, der in sei­ner Geg­ner­schaft zum Nazi­re­gime uner­schüt­ter­lich war, für seine Zwe­cke ein­zu­span­nen. Wir sehen seine thea­tra­lisch in Szene gesetz­ten Auf­tritte in dop­pel­ter Per­spek­tive, wir sehen den Dich­ter selbst, aber auch die­je­ni­gen, die für die Insze­nie­rung des Spek­ta­kels ver­ant­wort­lich waren und sich im Nach­hin­ein in all ihrer ver­lo­ge­nen Bom­bas­tik selbst ent­blö­ßen. Die schrei­endste Heu­che­lei fin­den wir in den staats­of­fi­zi­el­len Lob­prei­sun­gen, die von der DDR der Rede Tho­mas Manns auf Fred­rich Schil­ler zuteil wurde, den Meis­ter der Huma­ni­tät und Cham­pion des Frie­dens – und zwar genau in dem Augen­blick, in dem das kom­mu­nis­ti­sche Regime an der Wie­der­be­waff­nung der DDR gegen den Wes­ten arbei­tete. Aber es ist nicht die Auf­gabe der Lite­ra­tur sich mit Pomp und Prunk gemein zu machen. Sie ist – ganz nprin­zi­pi­ell und wesen­haft – Ent­hül­lung. Dafür gibt der öster­rei­chi­sche Roman­cier Joseph Roth ein schö­nes Bei­spiel in sei­ner Wei­mar-Repor­tage von 1924. Sein Auf­ent­halt in der Klas­si­ker­stadt wird zum Alb­traum, als Roth die Tür zum Restau­rant eine  Grand-Hotels der Stadt öff­net und auf eine lär­mende Ver­samm­lung revan­chis­ti­scher Offi­ziere stößt. Näher an unse­rer Zeit sind die Zeug­nisse von Rei­ner Kunze, den die DDR aus­bür­gerte und zum Exil ver­dammte, weil er gegen die Inva­sion der War­schauer-Pakt Staa­ten in die dama­lige Tsche­cho­slo­wa­kei  pro­tes­te­rierte, und von Wolf­gang Hil­big (Büch­ner Preis 2002), der das Bespit­ze­lungs- und Denun­zia­ti­ons­sys­tem anklagte, unter dem die DDR lebte.

Der Reich­tum der Antho­lo­gie liegt sowohl in der Anzahl als auch in der Viel­falt der Zeug­nisse, die sie ver­sam­melt. Sie sind weit­ge­spannt, sie las­sen keine Genera­tion aus ( alle, die wich­tig für ihre Zeit waren, sind ent­hal­ten), sie bezie­hen auch Nichth­tü­rin­ger ein, vor­aus­ge­setzt nur, dass sie etwas zum Thema bei­tra­gen.  Auch Pres­se­ar­ti­kel gibt es zu lesen oder einen Ver­wal­tungs­schrift­wech­sel mit ver­ant­wort­li­chen Regie­rungs­stel­len. Sie alle las­sen die Stim­men der Akteure unge­fil­tert zur Gel­tung kom­men, sowohl von der Seite der Macht­ha­ber, deren blinde Gewalt sie offen­ba­ren, als auch von Sei­ten der Opfer. Der Kom­man­dant der SS-Gar­ni­son Toten­kopf im KZ Buchen­wald, ver­langt von Himm­ler 1937, den Namen des Lagers zu ändern. Als dienst­eif­ri­ger Beam­ter möchte er die Kar­rie­ren der ihm unter­stell­ten Wäch­ter för­dern und ver­hin­dern, dass das Andenken Goe­thes mit einem Kon­zen­tra­ti­ons­la­ger befleckt würde. Von sei­ten der Zivil­be­völ­ke­rung ist die Sach­rift­stel­le­rin und His­to­ri­ke­rin Ricarda Huch zu nen­nen, . Sie berich­tet in ihrer Eigen­schaft als Mut­ter von der Angst der Jenaer Bom­ben­nächte im März 1945. Ein ehe­ma­li­ger poli­ti­scher Gefan­ge­ner aus Buchen­wald beschreibt in einem Roman aus dem Jahre 2012 das Leben im »Klei­nen Lager«. Unter die­ser harm­lo­sen vernorgt sich ein der­art ernied­ri­gen­des  Lager­re­gime, dass die Über­le­ben­den am Ende nicht ein­mal die Kraft haben, sich über ihre Befrei­ung zu freuen. Paul Josef Raue, einige Jahre Chef­re­dak­tewur einer der gro­ßen Tages­zei­tun­gen Thü­rin­gens, der Thü­rin­ger All­ge­mei­nen, beschreibt als Jour­na­list die stän­dige Todes­dro­hung, die in DDR-Zei­ten auf der inner­deut­schen Grenze las­tete, vom Süden an den West­gren­zen Thü­rin­gens ent­lang bis nach Lübeck an die Ost­see. Diese Staats­grenze wurde für mehr als einen Flücht­ling zum Grab, auch für ein­fa­che Wan­de­rer, so schieß­wü­tig waren die Gren­zer. Es gibt auch Bei­spiele von Unter­drü­ckung in weni­ger extre­mer Form: Die Kor­re­spon­denz vom Jah­res­ende 1971 zwi­schen einem ange­se­he­nen Dich­ter und dem Zen­sur­be­am­ten des Bezirks Erfurt spricht Bände: Selbst­ge­machte Gedichte zu schrei­ben und zu ver­öf­fent­li­chen, erklärt der selbst­ge­wisse Funk­tio­när, ist strengs­tens unter­sagt. Ob die Ver­wal­tung nach der Ver­ei­ni­gung etwas trans­pa­ren­ter agiert? Anke Engel­mann erzählt die Geschichte der schänd­li­chen Aus­rot­tung, zu der die Ver­wal­tung der Stadt Erfurt einen Vor­ort ver­ur­teilt, indem sie das Alter seine zer­stö­re­ri­sche Arbeit an den letz­ten Bewoh­ner tun lässt.

Als eine der Lun­gen Deutsch­lands, mit sei­nen vie­len land­wirt­schaft­li­chen Gebie­ten, sei­nen Hügeln und Wäl­dern, deren Schön­heit durch den Vor­rang bedroht ist, den man der Öko­no­mie ein­räumt, hat Thü­rin­gen nicht nur seine öko­lo­gi­schen Reich­tü­mer, son­dern auch seine Land­schafts­dich­ter. Das Land hat Nah­rung genug für die Werke von Wulf Kirs­ten, Jan Röh­nert und Hans Cibulka (1920–2004). Letz­te­rer, wohn­haft in Gotha, erhob eine mutige For­de­rung, als er sich 1992 an eine Aka­de­mie der Bun­des­wehr wandte mit der Erklä­rung, dass es keine Demo­kra­tie geben könne ohne Krea­ti­vi­tät und Verantwortung.

Der Titel des Werks ist dem Gedicht­band »Kas­ti­li­sche Fel­der« des spa­ni­schen Dich­ters Anto­nio Mach­ado ent­nom­men. Er erweist sich als eine dis­krete Anlei­tung für die Lek­türe. Die Distanz, die das aus einer ganz ande­ren Sprach­welt stam­mende Zitat schafft, die impli­zite Bezug­nahme auf die spa­ni­sche Dich­ter­ge­nera­tion der soge­nann­ten »98er« – auch sie getrof­fen von einer Iden­ti­täts­krise, nach­dem Spa­nien mit Kuba seine letz­ten Kolo­nien ver­lo­ren hatte – bei­des schärft den Blick. Die Irri­ta­tio­nen und Irr­tü­mer klar auf­zei­gend, die das Jahr­hun­dert durch­zo­gen, gibt die Antho­lo­gie dem Leben und der Bewe­gung den ihnen zukom­men­den Raum.

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